Contrôle technique : ce qu’il ne dit pas

auto-moto-com_logoUn article de JP Arrouet sur www.auto-moto.com – mercredi 13 mai 2015

 

Malgré un rapport de contrôle technique vierge, un véhicule peut dissimuler des défectuosités.

Contrôle technqiue : ce qu'il ne dit pasObligatoire avant la quatrième année suivant la mise en circulation du véhicule, puis tous les deux ans (ou dans les six mois précédant une mise en vente), le contrôle technique examine 124 points (suspension, éclairage, freinage, carrosserie…) qui peuvent donner lieu au relevé de 410 défauts, dont 72 soumis à contre-visite. Mais pour s’assurer de l’état réel d’un véhicule, notamment avant un achat d’occasion, des vérifications supplémentaires s’imposent.

Bien exploiter les rapports de contrôle

Une fois corrigés, les défauts ne figurent plus sur le rapport de contre-visite. Dans le cas d’un achat d’occasion, il faut demander au vendeur le rapport du contrôle technique initial. En cas de défaut soumis à contre-visite, même si le vendeur baisse son prix, il est prudent de ne pas conclure la vente. Il en va de même si le véhicule est présenté non roulant “pour pièces” (seuls les professionnels agréés pour le recyclage, les “casses”, étant autorisés à les acquérir).

Enfin, pour un véhicule déjà acquis d’occasion, on peut, au moindre doute, reconstituer son historique (résultats des contrôles précédents, dates, kilométrage) en adressant une demande écrite à l’Utac-OTC (coordonnées sur utac-otc.com), qui chapeaute tous les centres de France (joindre les copies de carte grise et de pièce d’identité et un justificatif de domicile).

Les points à surveiller

Cependant, un rapport vierge de tout défaut ne garantit pas le bon état du véhicule. Les contrôleurs suivent une liste qui ne couvre pas toutes les anomalies possibles, et leur contrôle ne porte que sur l’aspect visuel (défaut d’étanchéité, mauvaise fixation…) et sur le bon fonctionnement (mesure de l’efficacité du freinage, par exemple). L’état de certains organes mécaniques essentiels, tels que le moteur (y compris la courroie de distribution), la boîte de vitesses ou le pont échappent ainsi à leurs investigations.

“Attention aux moteurs diesels, qui sont les oubliés du contrôle technique”, alerte aussi Sylvain Girault, vice-président de l’Anea (Association nationale des experts en automobile). Si le vendeur d’un véhicule a supprimé le filtre à ­particules ou la vanne EGR (capteur qui analyse la teneur des gaz), le contrôle technique ne le détectera pas mais le véhicule sera considéré non conforme en cas de contrôle de pollution par les forces de l’ordre.

Par ailleurs, de nombreuses pièces invisibles sans démontage peuvent recéler des défauts : ainsi, une usure symétrique des silentblocs de suspensions n’apparaîtra pas nécessairement sur le banc de contrôle. Il en est de même des amortisseurs, si les quatre présentent une détérioration identique. Or, ces défauts engendrent des dépenses supplémentaires, et constituent surtout un vrai danger pour la conduite (altération du freinage et de la tenue de route). Pour éviter ces mauvaises surprises, il faut donc faire pratiquer un test de pompage en appuyant aux quatre coins de la voiture à l’arrêt.

Pousser plus loin  ses investigations

Pour déceler ces défauts sur un véhicule d’occasion, il est impératif de demander, en plus du rapport de contrôle technique, le carnet d’entretien et l’historique des factures afin de vérifier leur cohérence (dates et kilométrage). L’essai routier est indispensable pour contrôler le bon maniement des commandes et écouter les bruits suspects (roulements, cardans, boîte de vitesses…). Une inspection visuelle de la carrosserie permet de détecter si le véhicule a été accidenté. Ce que le contrôle technique ne peut pas voir après réparation.

Il ne faut donc pas hésiter à s’écarter du véhicule pour vérifier l’uniformité de la teinte des pièces de carrosserie (une différence, même minime, prouve que le ­véhicule a été partiellement repeint) et à suivre les ajustements des différentes parties (capot, coffre, portières…) : des interstices de largeurs différentes trahissent de probables collisions.

En cas de doute, il est judicieux de faire appel à un expert (coordonnées sur carre-­expert-auto.org), qui examine une centaine de points et procède à un essai (100 €), voire à une analyse d’huile moteur (40 €) et à une recherche d’antécédents (20 €) pour s’assurer, notamment, que le compteur kilométrique n’a pas été trafiqué.

PAR J.-P. ARROUET

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